Hotel de ville d'Allones (janvier - mars 2010)


Exposition Gaston Floquet

Peintures - Collages - Sculptures

En partenariat avec le musée de Tessé du Mans

 

DISCOURS DE GILLES LEPROUST
maire d'Allonnes, 1er vice-président le Mans métropole
au vernissage de l'exposition Gaston Floquet,
le 11 février 2010 à la mairie d'Allonnes

Armelle Chesnel, directrice de l'atelier d'Arts Plastiques d'Allonnes, m'a demandé il y a quelques mois d'être présent au vernissage de l'exposition Gaston Floquet, en ajoutant : « Tu verras, ce sera une très belle exposition ».

C'est en effet une très belle exposition à laquelle j'ai le plaisir de vous accueillir. Je remercie pour son partenariat le musée de Tessé du Mans, le conseil général de la Sarthe et bien sûr l'association des amis de Gaston Floquet sans laquelle cette exposition n'aurait pu exister.

Pour préparer ce mot de bienvenue, je me suis plongé dans le petit journal, non pas celui de Canal + mais celui consacré à cette exposition.

Gaston Floquet est, dès son enfance, un homme libre, indiscipliné et anticonformiste. Nous ne sommes donc pas étonnés qu'il soit devenu un artiste éclectique puisque, avant de devenir peintre et sculpteur, il a cheminé du cinéma à la traduction, s'est arrêté au café-théâtre en passant par le théâtre. Je souligne qu'il a arrêté son métier d'acteur au Mans le jour d'une représentation.

En lisant son parcours, j'ai découvert qu'il a travaillé comme correcteur d'imprimerie, notamment au journal l'Humanité, le journal de Jean Jaurès. Je crois avoir compris que Gaston Floquet était un homme libre qui partageait avec son ami Ambroise Monod le manifeste du Récup'Art. Je voudrais vous en citer un passage. « Politiser l'existence, c'est aussi saisir les possibilités de libérer l'imagination, de désobéir à la norme, de déserter la légalité, de réaliser l'imaginaire dans un acte qui existe pour celui qui le vit, qui survit différemment pour celui qui le voit et qui préfigure la libération espérée du monde ».

La municipalité d'Allonnes partage complètement ce parti pris. Dans une période où nos gouvernants veulent uniformiser la société et se refusent à former des citoyens libres, ouverts sur les autres et sur le monde, nous devons garder ouvertes les fenêtres de l'intelligence, ne pas contenir nos colères. Oui, continuons à libérer les imaginations, à désobéir à la norme, à déserter la légalité.

Ce discours dans la bouche d'un élu peut en surprendre certains. Mais à force de plier le dos, nous risquons tous de devenir esclaves de ce monde où l'excellence serait uniquement une conséquence de la richesse. Oui, à Allonnes, nous politisons l'existence et dénonçons l'inacceptable. Nous bravons la légalité et nous contribuons à former des citoyens libres et égaux en droits.

Un exemple récent illustre mes propos. Hier soir, dans ces mêmes lieux, avec RESF (Réseau d'Education sans Frontières), nous procédions au cinquième parrainage citoyen d'enfants d'une famille sans-papiers parce que nous refusons que des femmes, des hommes et des enfants soient considérés comme des parias, des boucs émissaires de politiques nauséabondes. Oui, dans ces moments, nous sommes fiers d'être désobéissants et traduits devant le Tribunal Administratif, comme nous l'avons été en prenant des arrêtés anti-coupure d'électricité et anti-expulsion, ou des arrêtés anti-OGM ou bien encore en prenant une délibération « ville préservée Service Public hors AGCS ».

Nous considérons que nous assumons là notre rôle d'élus du peuple au service d'habitants qui souffrent de la vie qui leur est imposée. Oui, nous sommes également fiers de mener une politique culturelle offensive et diversifiée pour que les habitants puissent accéder à une offre culturelle de qualité, qui ne soit pas réservée aux seuls fortunés.

Vous savez, notre combat est permanent dans une période où l'État s'apprête à couper les ressources des collectivités territoriales. La question des moyens nous oblige aussi à être en résistance pour préserver la démocratie. L'accès à la culture pour toutes et tous reste un objectif à atteindre et pour lequel nous devons continuer à agir. Je profite de l'occasion qui m'est offerte ce soir pour remercier tous les acteurs culturels locaux qui œuvrent dans ce sens.

En ce jour du 20 ème anniversaire de la libération de Nelson Mandela, la « libération espérée du monde » prend toute sa dimension. Des femmes et des hommes de culture, des artistes de tous genres se sont mobilisés, notamment les co-fondateurs des « Artistes du monde contre l'apartheid », le plasticien Ernest Pignon-Ernest, le philosophe Jacques Derrida et le peintre espagnol Antonio Saura, pour plaider la cause de Nelson Mandela. Ce clin d'œil de l'actualité prouve que l'apport des hommes et des femmes de culture est déterminant dans le combat de l'émancipation humaine.

Notre commune tente modestement de s'y associer. Avant que de laisser la parole à Armelle, qui vous présentera mieux que moi les œuvres exposées, je souhaite conclure avec cette phrase de Nelson Mandela : « Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ».